Ello.co, le marginal des réseaux sociaux
Ello est le dernier arrivé des réseaux sociaux et se distingue par son concept « tranquillité » : pas de publicité, pas d’analyse comportementale des utilisateurs, pas de vente d’informations personnelles aux annonceurs. Fondé par un collectif d’artistes et mené par Paul Budnitz, entrepreneur américain, il a débarqué chez nous en septembre dernier.
Ello semble connaitre un véritable engouement en Amérique du Nord, Europe de l’Ouest et Maghreb. D’après le site, plus d’un million d’utilisateurs dans le monde se seraient déjà inscrits et la liste d’attente s’agrandit de plusieurs dizaines de milliers de demandes chaque heure. Pour répondre à cette demande, Ello a d’ailleurs récemment levé 435 000 dollars auprès d’investisseurs.
La concurrence
Le marché du web social est saturé, on compte de nombreux acteurs et tous se démarquent avec leur positionnement marketing. Mais aucun n’avais encore pensé à faire de la protection de données son argument principal de vente. Ello s’oppose en effet à la publicité et à la monétisation des données de trafic très en vogue chez ses concurrents. Il prend à contre pieds le modèle des autres réseaux sociaux qui « achètent vos données personnelles pour vous montrer toujours plus de publicités. Vous êtes le produit que l’on achète et que l’on revend ensuite » Paul Budnitz.
Le modèle économique
Le réseau social s’inspire de l’univers du gaming et compte ainsi sur le micro-paiement pour viabiliser et rentabiliser son activité là où d’autres s’appuient sur la publicité. Vous pourrez ainsi choisir vos options de profil, ajouter des modules en échange de quelques dollars. Ce modèle économique est un pari risqué pour la société car elle propose des fonctionnalités payantes alors que ses concurrents les offrent !
Décryptage de Ello.co
D’un point de vue esthétique, le moins que l’on puisse dire c’est qu’Ello est épuré. Son design retro minimaliste se constitue de quelques lignes noires et grises qui se chargent de faire ressortir les publications. Il laisse actuellement peu de place aux interactions, avec un système de commentaires rudimentaires, tout cela dans une interface pas vraiment intuitive.
Côté fonctionnalités, le site est encore assez pauvre et il manque des réglages fondamentaux tels que la possibilité de bloquer du contenu. Le site propose le même usage que ses homologues, il n’y a pas de réelle valeur ajoutée : l’utilisateur dispose d’un compte, invite des amis, s’abonne à d’autres profils, publie des contenus, et consulte ceux postés par d’autres. Nouveauté pour Ello, il autorise l’utilisation de pseudonymes et les contenus sont bien moins censurés que sur Facebook par exemple. Beaucoup de membres de communautés LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles et trans) ont adopté ce réseau, car il leur garantit l’anonymat donc une certaine sécurité.
Mais Ello réussit à séduire d’autres publics. Ce réseau élitiste se veut un espace à l’écart de la masse. En France, le concept attire donc les plus curieux en particulier le public jeune, urbain et à l’aise avec les nouvelles technologies. En revanche Ello a beaucoup de mal à conserver ses adhérents et ceux qui restent sont plutôt passifs. Il apparait ainsi que 36% des inscrits n’ont jamais posté sur le réseau social et que six jours après l’inscription, seul un membre sur cinq est toujours actif.
On retiendra que les utilisateurs restent propriétaires de leurs données, leurs vies privées semblent être préservées. Fini les publicités intempestives et études comportementales. Mais pas si facile de s’inscrire sur Ello.co, car il faut être invité par un ami qui déjà est sur le réseau, ou en faire la demande auprès du site et la réponse se fait attendre (trop ?) longtemps.
On remarque cependant que certaines marques ont déjà investi ce réseau. Walmart, Panda Express food ou Netflix par exemple profitent de la proximité avec les internautes. Même s’il faut reconnaitre que pour le moment, elles n’ont pas de stratégies éditoriales définies, on peut légitimement s’interroger sur leurs intentions. Par ailleurs, comment les marques vont-elles se servir de cette nouvelle plateforme pour communiquer avec une communauté anti-publicité ?
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