Retour sur le Campus Européen de l’Innovation Touristique à Montpellier le 22 novembre 2018

Plusieurs centaines de participants se sont rendus hier sur le Campus Européen de l’Innovation Touristique au Parc des Expositions de Montpellier. « Un lieu inspirant, ouvert aux échanges et innovant », c’est l’esprit que Carole Delga (ancienne Ministre et Présidente de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée) a voulu insuffler à cet événement, qui réunit des acteurs et professionnels du tourisme, des entreprises régionales comme internationales porteuses de solutions ou d’initiatives inédites. Résumé.

Innovation, innovation et… innovation !
Avec sa vitrine des innovations touristiques de plus de 1000 m2, ses speed meetings de l’innovation, ses « barcamps » de l’innovation, son networking de l’innovation et ses conférences thématiques sur l’innovation, impossible de se tromper sur le sujet du jour ! Nous avons donc vastement parlé de transformation, de changement, de nouveauté et de prospective et des conditions pour bien y arriver.

Mama Shelter ou l’uberisation de l’hôtellerie
La matinée a commencé très fort avec l’ouverture de ce Campus Européen de l’Innovation Touristique par Serge Trigano, Président de Mama Shelter. Le monsieur ne manque pas d’humour (noir ?) pour parler de son expérience, puisqu’après avoir grandi au sein du Club Med (fondé par son père), l’avoir développé à l’international jusqu’à en faire le 2ème plus gros acteur du tourisme au monde en tant que Président, il a été viré par son actionnaire principal de l’époque (le Groupe Agnelli). Mais cette éviction serait la meilleure chose qui lui soit arrivée, car cela lui a permis de créer avec ses deux fils les hôtels-restaurants Mama Shelter. Le business model est intéressant – et particulièrement innovant à l’époque de sa création – car il ne sont pas propriétaire des murs, mais louent simplement les lieux pour y exercer leur activité. Celle-ci se résume selon Serge Trigano à « un restaurant-bar avec des chambres au-dessus ». Le lieu de vie et d’animation se trouve au bar-restaurant, pas dans le lobby (parfois quasi-inexistant) et encore moins dans les chambres. Par conséquence, pas d’investissement lourd, pas de charge de maintenance (qui repose sur les propriétaires), pas d’immobilisation comptable, une agilité défiant toute concurrence et surtout des profits juteux. D’autres grands groupes ont suivi son exemple dans cette nouvelle approche du business. Ainsi le groupe Accor n’est plus, lui aussi, propriétaire des murs de ses hôtels.
La conclusion de Serge Trigano est que le succès de Mama Shelter repose sur l’innovation du business model, mais aussi de l’expérience proposée au client, sur la sécurité, l’accessibilité, la qualité de l’accueil offert et surtout sur des valeurs solides. Pour lui, « tous les jours, c’est le premier jour ! », l’innovation n’est pas une fin en soi, elle doit s’appuyer sur l’envie et la passion. CQFD.

Le futur des Offices de Tourisme ou les offices de tourisme du futur
Pour Carole Delga, « les territoires doivent être les premiers bénéficiaires de l’innovation touristique ». Elle devrait donc profiter en premier lieux aux Offices de Tourisme. Et pour cause, ils occupent une place centrale dans la politique touristique régionale. Ils sont les garants de la mise en œuvre et du suivi du projet touristique élaboré par la Région, les Conseils départementaux et les Communautés de Communes. Mais cela ne va pas sans poser de question sur leur gouvernance, leur animation, la qualification des professionnels et des ambassadeurs de territoire, la définition de leur stratégie, etc. Quels sont les modèles d’organisation, les outils innovants à déployer afin de garantir une structuration de l’offre qui répond aux attentes des clientèles ? Quels sont les nouveaux services proposés par les OT innovants ? Vastes questions… et toujours pas de réponse ! Nous sommes restés ici à l’étape des constats. Pour Jean Pinard, Directeur général du Comité Régional du Tourisme d’Occitanie, il faut « tout défaire pour tout refaire !». Il estime que les OT doivent « reprendre la main sur les GAFA », car des entreprises comme Booking.com n’ont pas réalisé « une performance technologique, mais une performance de marque. Et ils nous ont ringardisé en gérant la data ». Pour lui, « Il nous faut jouer collectif et être coopératif ».

Partenariat public-privé : comment ça se passe en Amérique du nord ?
L’Amérique du Nord regorge de bonnes pratiques dans le secteur du tourisme, majoritairement piloté par des acteurs privés. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, elle ne fait pas exception en matière de partenariat Public-Privé. Paul Arseneault, Directeur du Réseau de veille en tourisme et membre du MT Lab du Canada) a ainsi expliqué avec entrain et humour ce qu’est un partenariat, qu’est-ce que le Privé, qu’est-ce que le Public et comment concevoir différemment l’action publique en tourisme ? En effet, de nombreuses missions relevant du bien commun, du développement ou de la structuration de la filière tourisme ont été développées en Amérique du Nord en abattant les frontières habituelles entre l’Etat qui finance et le Privé qui gère. Pour lui, la co-création entre le Public et le Privé est un outil nécessaire dans le tourisme. La question du financement ne doit pas être le socle des partenariats Public-Privés. Il faut privilégier la réflexion et la recherche de compétences en amont. Sa solution : inventer des partenariats publics non publics ! Oui, des PPnP ! Pour cela, il faut changer dès le départ notre conception de la gouvernance et de l’organisation des entités ayant un mandat touristique, car il est beaucoup plus difficile de réformer après coup. Il est aussi nécessaire d’intégrer des « membres » et des « partenaires » au sein de sa gouvernance. D’après Paul Arseneault, si une organisation « non publique » est pertinente et efficace, alors le Public cherchera à s’y associer aux conditions de l’organisation privée et non l’inverse.

Hébergement touristique : quel avenir et quelles innovations ?
Bonne question ! Et pour cause : en raison d’une longue coupure d’électricité, les propos des intervenants étaient malheureusement inaudibles. Tout ce qu’on a pu en retenir, c’est que la technologie ne fait pas tout, loin de là. D’ailleurs, d’après Frédéric Fontaine, Directeur de l’innovation Lab du groupe Accor, « on revient rarement dans un hôtel parce qu’on a aimé un fauteuil ou un lit, on y revient parce qu’on a eu un contact privilégié avec l’équipe ! ». La technologique serait-il l’avenir de l’humain ou l’humain serait-il l’avenir de la technologie ?

Mise en marché des destinations touristiques : quelles sont les innovations technologiques à intégrer ?
Animée par Guillaume Poulain, Rédacteur en Chef de T.O.M, cette table ronde a fait la part belle aux tendances en marketing digital d’ici à 2020. Aux côtés de Christian Delom (Directeur Général Europe de Erlinyou) et Pascal Cotte (Directeur des Opérations My Tailor Trip, Groupe Michelin), Armelle Solelhac (PDG de SWiTCH) a expliqué les deux principaux canaux et l’outil numérique à privilégier dans les années à venir, à savoir la voix et la vidéo, boostées par l’intelligence artificielle. Nous vous mettons ici pour mémoire le support d’intervention de sa conférence au DxO 2018, car il reprend – en plus détaillé – le contenu de son intervention du jour.

En bref, ce campus européen de l’innovation touristique est sans aucun doute une journée intense, des échanges riches et des rencontres fertiles en nouvelles idées. Vivement l’année prochaine !

Retour sur le Campus Européen de l’Innovation Touristique à Montpellier le 22 novembre 2018

Plusieurs centaines de participants se sont rendus hier sur le Campus Européen de l’Innovation Touristique au Parc des Expositions de Montpellier. « Un lieu inspirant, ouvert aux échanges et innovant », c’est l’esprit que Carole Delga (ancienne Ministre et Présidente de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée) a voulu insuffler à cet événement, qui réunit des acteurs et professionnels du tourisme, des entreprises régionales comme internationales porteuses de solutions ou d’initiatives inédites. Résumé.

Innovation, innovation et… innovation !
Avec sa vitrine des innovations touristiques de plus de 1000 m2, ses speed meetings de l’innovation, ses « barcamps » de l’innovation, son networking de l’innovation et ses conférences thématiques sur l’innovation, impossible de se tromper sur le sujet du jour ! Nous avons donc vastement parlé de transformation, de changement, de nouveauté et de prospective et des conditions pour bien y arriver.

Mama Shelter ou l’uberisation de l’hôtellerie
La matinée a commencé très fort avec l’ouverture de ce Campus Européen de l’Innovation Touristique par Serge Trigano, Président de Mama Shelter. Le monsieur ne manque pas d’humour (noir ?) pour parler de son expérience, puisqu’après avoir grandi au sein du Club Med (fondé par son père), l’avoir développé à l’international jusqu’à en faire le 2ème plus gros acteur du tourisme au monde en tant que Président, il a été viré par son actionnaire principal de l’époque (le Groupe Agnelli). Mais cette éviction serait la meilleure chose qui lui soit arrivée, car cela lui a permis de créer avec ses deux fils les hôtels-restaurants Mama Shelter. Le business model est intéressant – et particulièrement innovant à l’époque de sa création – car il ne sont pas propriétaire des murs, mais louent simplement les lieux pour y exercer leur activité. Celle-ci se résume selon Serge Trigano à « un restaurant-bar avec des chambres au-dessus ». Le lieu de vie et d’animation se trouve au bar-restaurant, pas dans le lobby (parfois quasi-inexistant) et encore moins dans les chambres. Par conséquence, pas d’investissement lourd, pas de charge de maintenance (qui repose sur les propriétaires), pas d’immobilisation comptable, une agilité défiant toute concurrence et surtout des profits juteux. D’autres grands groupes ont suivi son exemple dans cette nouvelle approche du business. Ainsi le groupe Accor n’est plus, lui aussi, propriétaire des murs de ses hôtels.
La conclusion de Serge Trigano est que le succès de Mama Shelter repose sur l’innovation du business model, mais aussi de l’expérience proposée au client, sur la sécurité, l’accessibilité, la qualité de l’accueil offert et surtout sur des valeurs solides. Pour lui, « tous les jours, c’est le premier jour ! », l’innovation n’est pas une fin en soi, elle doit s’appuyer sur l’envie et la passion. CQFD.

Le futur des Offices de Tourisme ou les offices de tourisme du futur
Pour Carole Delga, « les territoires doivent être les premiers bénéficiaires de l’innovation touristique ». Elle devrait donc profiter en premier lieux aux Offices de Tourisme. Et pour cause, ils occupent une place centrale dans la politique touristique régionale. Ils sont les garants de la mise en œuvre et du suivi du projet touristique élaboré par la Région, les Conseils départementaux et les Communautés de Communes. Mais cela ne va pas sans poser de question sur leur gouvernance, leur animation, la qualification des professionnels et des ambassadeurs de territoire, la définition de leur stratégie, etc. Quels sont les modèles d’organisation, les outils innovants à déployer afin de garantir une structuration de l’offre qui répond aux attentes des clientèles ? Quels sont les nouveaux services proposés par les OT innovants ? Vastes questions… et toujours pas de réponse ! Nous sommes restés ici à l’étape des constats. Pour Jean Pinard, Directeur général du Comité Régional du Tourisme d’Occitanie, il faut « tout défaire pour tout refaire !». Il estime que les OT doivent « reprendre la main sur les GAFA », car des entreprises comme Booking.com n’ont pas réalisé « une performance technologique, mais une performance de marque. Et ils nous ont ringardisé en gérant la data ». Pour lui, « Il nous faut jouer collectif et être coopératif ». 

Partenariat public-privé : comment ça se passe en Amérique du nord ?
L’Amérique du Nord regorge de bonnes pratiques dans le secteur du tourisme, majoritairement piloté par des acteurs privés. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, elle ne fait pas exception en matière de partenariat Public-Privé. Paul Arseneault, Directeur du Réseau de veille en tourisme et membre du MT Lab du Canada) a ainsi expliqué avec entrain et humour ce qu’est un partenariat, qu’est-ce que le Privé, qu’est-ce que le Public et comment concevoir différemment l’action publique en tourisme ? En effet, de nombreuses missions relevant du bien commun, du développement ou de la structuration de la filière tourisme ont été développées en Amérique du Nord en abattant les frontières habituelles entre l’Etat qui finance et le Privé qui gère. Pour lui, la co-création entre le Public et le Privé est un outil nécessaire dans le tourisme. La question du financement ne doit pas être le socle des partenariats Public-Privés. Il faut privilégier la réflexion et la recherche de compétences en amont. Sa solution : inventer des partenariats publics non publics ! Oui, des PPnP ! Pour cela, il faut changer dès le départ notre conception de la gouvernance et de l’organisation des entités ayant un mandat touristique, car il est beaucoup plus difficile de réformer après coup. Il est aussi nécessaire d’intégrer des « membres » et des « partenaires » au sein de sa gouvernance. D’après Paul Arseneault, si une organisation « non publique » est pertinente et efficace, alors le Public cherchera à s’y associer aux conditions de l’organisation privée et non l’inverse.

 

Hébergement touristique : quel avenir et quelles innovations ?
Bonne question ! Et pour cause : en raison d’une longue coupure d’électricité, les propos des intervenants étaient malheureusement inaudibles. Tout ce qu’on a pu en retenir, c’est que la technologie ne fait pas tout, loin de là. D’ailleurs, d’après Frédéric Fontaine, Directeur de l’innovation Lab du groupe Accor, « on revient rarement dans un hôtel parce qu’on a aimé un fauteuil ou un lit, on y revient parce qu’on a eu un contact privilégié avec l’équipe ! ». La technologique serait-il l’avenir de l’humain ou l’humain serait-il l’avenir de la technologie ?

Mise en marché des destinations touristiques : quelles sont les innovations technologiques à intégrer ?
Animée par Guillaume Poulain, Rédacteur en Chef de T.O.M, cette table ronde a fait la part belle aux tendances en marketing digital d’ici à 2020. Aux côtés de Christian Delom (Directeur Général Europe de Erlinyou) et Pascal Cotte (Directeur des Opérations My Tailor Trip, Groupe Michelin), Armelle Solelhac (PDG de SWiTCH) a expliqué les deux principaux canaux et l’outil numérique à privilégier dans les années à venir, à savoir la voix et la vidéo, boostées par l’intelligence artificielle. Nous vous mettons ici pour mémoire le support d’intervention de sa conférence au DxO 2018, car il reprend – en plus détaillé – le contenu de son intervention du jour.

En bref, ce Campus Européen de l’Innovation Touristique est sans aucun doute une journée intense, des échanges riches et des rencontres fertiles en nouvelles idées. Vivement l’année prochaine !

L’avenir du tourisme sera-t-il plus social et plus solidaire ?

Après un tour du monde en blanc qui l’a amené à visiter 274 stations de ski, Armelle Solelhac, PDG de l’agence SWiTCH, a entrepris un tour du monde en bleu, de la Nouvelle-Calédonie aux Seychelles en passant par les Antilles. A partir de ses observations et analyses faites lors de ses périples, cette spécialiste des stratégies de mise en marché des destinations, qui a le voyage chevillé au corps, livre des pistes de réflexions sur le futur du tourisme.

Des pratiques sociales et économiques intéressantes émergent. Parmi elles, l’intégration des tribus locales à l’actionnariat des entreprises. Assisterait-on à un changement de paradigme ? Plusieurs indices le laissent penser. Le futur du Tourisme s’annonce plus social et solidaire. Les destinations qui actionneront ce levier seront sans doute les destinations leaders de demain et c’est réjouissant !

En tant qu’ouverture à l’autre, le tourisme, dans son sens noble, permet une meilleure compréhension du monde pour un plus grand respect de tous. Être touriste, c’est confronter sa propre culture et ses connaissances à celles des autres, ce qui soit renforce sa conviction, soit l’ébranle pour en construire une autre. Plus les gens voyageront, plus ils pourront ouvrir les yeux sur la réalité de notre monde. Plus ils seront éduqués, plus ils pourront prendre les bonnes décisions pour eux-mêmes ainsi que pour leur entourage et leur communauté. La paix sociale à l’échelle de la planète sera alors possible. Le développement du tourisme social et humanitaire est un indicateur positif.

Faire adhérer les populations locales au projet touristique global : un changement de paradigme

Il est frappant de voir que des groupes hôteliers qui déploient des moyens considérables cèdent la majorité de l’actionnariat à des tribus. L’exemple des hôtels Le Méridien* sur l’île des Pins et du Sheraton Deva en Nouvelle Calédonie, dont 51% des actionnaires sont les tribus locales, est parlant. Cela peut paraître surprenant, sauf qu’il n’y a quasiment que des avantages à cela, notamment celui d’accéder à du foncier en se préservant du sabotage du projet par les locaux. Cela entraîne aussi l’adhésion du personnel local (1er vivier de recrutement), son implication accrue, sa bonne entente avec une atmosphère de travail positive et des décisions prises collégialement. Enfin, l’actionnaire local apportera une attention particulière à son « outil de travail » car il est soucieux de protéger son capital, comme tout le monde.

Valorisation et confiance dans son personnel

Il existe de très bons moyens pour faire adhérer les populations locales au projet touristique d’une destination. Par exemple, l’hôtel Le Méridien Nouméa recrute majoritairement du personnel local, personnel dont le niveau d’éducation est peu élevé au départ, mais qu’il sensibilise et forme aux règles de savoir-vivre et de savoir-être, ainsi qu’aux habitudes de consommations des différentes clientèles en fonction de leur culture d’origine.

La chaîne de resorts haut de gamme Outrigger** organise régulièrement des formations pour l’ensemble de ses collaborateurs, soit sur place, soit au siège à Hawaii ce qui a pour conséquence la montée en professionnalisme, en compétence et une progression sociale de l’ensemble de son personnel de la femme de chambre aux cadres les plus haut placés dans l’entreprise. Ainsi, la directrice du service à la clientèle du Outrigger Fiji Beach Resort, Salote Naisua, a bénéficié de cet ascenseur social puisqu’elle a commencé comme femme de ménage dans le groupe il y a 13 ans. Le Directeur marketing et des ventes du même établissement a quant à lui commencé comme portier. Dans une forme de reconnaissance de ses collaborateurs, le groupe leur offre incentives et vacances pour les motiver à faire de leur mieux. L’ambiance de travail est positive et stimulante, avec une valorisation de l’entraide entre collaborateurs, plutôt qu’une compétition des uns contre les autres. Les établissements COMO adoptent également un management philanthrope à base d’incentives et de formations autour du monde, une façon de prendre soin de son personnel. Prendre soin de ses employés, Outrigger Fidji le fait au sens premier en leur offrant un service de médecin et en s’assurant que la totalité de son personnel ait accès à une consultation au minimum deux fois par an (dans un pays où l’accès au soin et à un hôpital à une distance raisonnable est très loin d’être évident). Le personnel est habillé selon la tradition locale et la direction lui confie le choix de ses tenues. Une façon de le mobiliser et de le rendre fier.

Pour lire la suite de l’article, c’est ici et c’est gratuit !

Du tourisme de masse au tourisme d’espace !

Après un tour du monde en blanc qui l’a amené à visiter 274 stations de ski, Armelle Solelhac, PDG de l’agence SWiTCH, a entrepris un tour du monde en bleu, de la Nouvelle-Calédonie aux Seychelles en passant par les Antilles ou encore Fidji, Hawaï ou l’Île Maurice. A partir de ses observations et analyses faites lors de ses périples, cette spécialiste des stratégies de mise en marché des destinations, qui a le voyage chevillé au corps, livre des pistes de réflexions sur le futur du tourisme.

L’organisation des espaces n’est pas un enjeu anodin. Dans un monde inondé de frictions, chacun a besoin de s’en libérer afin de retrouver plus de fluidité. L’une des manières de limiter, voire de supprimer les frictions consiste à optimiser et agencer les espaces. Le tourisme qui se dessine pour les 30 prochaines années sera un tourisme d’espace et non plus un tourisme de masse.

Fluidité et espace, deux notions clefs

La friction vient des autres et des espaces conçus trop exigus. Aujourd’hui, les espaces sont pensés différemment de ce qu’ils ne l’étaient auparavant car c’est un enjeu d’avenir pour le tourisme. Dominique Michaud, Directeur Régional Marriott Nouvelle Calédonie & Directeur Général Le Méridien* Nouméa, l’affirme, dans les années qui viennent « le tourisme passera d’un tourisme de masse à un tourisme d’espace ». Le tourisme de masse n’est pas tenable d’un point de vue sociétal, environnemental et parfois même économique, sans compter qu’il n’est pas en phase non plus avec les attentes des clients. A contrario, le tourisme d’espace est supportable à tous ces niveaux et a fortiori en phase avec les attentes actuelles et futures des clients. Le tourisme d’avenir est celui qui réussira à gérer les flux et créer des espaces d’intimité, notamment grâce à un agencement astucieux et harmonieux.

Seuls au monde

Les destinations qui auront du succès demain seront en effet celles qui arriveront à donner l’impression qu’un lieu est quasiment vide alors qu’il a atteint sa capacité d’occupation maximum. C’est ce qui est frappant quand on séjourne chez COMO**, à Parrot Cay, une île privée des Turks & Caicos. Bâti sur le principe du zen par sa créatrice, Christina Ong, c’est l’un des plus beaux hôtels et estates du monde. Alors qu’il est à plus 90% de sa capacité de remplissage, il donne l’impression de n’être rempli qu’à 20%. COMO opère sur toute l’île avec un hôtel d’exception et des « estates ». Ces derniers sont composés de propriétés appartenant à des propriétaires privés– qui comptent parmi eux, Dona Karan ou Bruce Willis – et dont COMO se charge de l’exploitation en leur absence. Si cette île est toute petite –le resort se traverse en 4 minutes– elle semble bien plus grande. Les espaces, l’architecture, la décoration intérieure, les chemins créés grâce à la végétation, etc. tout est fait, pensé et agencé de façon à ce qu’on ne croise presque pas les autres clients.

Certains consommateurs ont besoin de se sentir loin de tout et de la foule pour vraiment se détendre. Ils sont prêts à payer cher pour être seul au monde, tout du moins en avoir la sensation, expliquent Dant Hirsch, Regional General Manager Americas de COMO Hotels and Resorts, et Jordi Valles, Genreal Manager du COMO Parrot Cay. Bien sûr, ce type de lieu s’adresse à une clientèle d’une extrême discrétion.

Cultiver le silence

Positionnés haut de gamme, les hôtels Sofitel et les resorts Outrigger*** à Fidji réservent des espaces sans enfants aux adultes. C’est le cas des restaurants et des piscines. Un service de garde d’enfants y compris pour les bébés est proposé le temps d’un repas et certains restaurants des resorts sont réservés aux adultes sans enfants. De même, ces établissements comptent des piscines familiales ouvertes à tous et d’autres réservés aux plus de 16 ans, où la consommation d’alcool est permise, la programmation musicale et le niveau sonore adaptés, le mobilier et son agencement sont différents pour mieux répondre aux besoins spécifiques des vacanciers sans enfant. Le luxe, c’est aussi le silence.Outrigger Fidjiest un lieu silencieux, les déplacements au sein du resort se font exclusivement à pied ou en voiturette électrique de golf.

Le corollaire de la question de l’espace implique pour les professionnels du tourisme de jouer le rôle de modérateur des comportements des utilisateurs de façon à rappeler les règles de savoir vivre à tous et de s’assurer qu’elles soient bien respectées. Ainsi, si un client ne respecte pas les consignes, le personnel va gentiment les lui rappeler ! Pour sortir du lot, il est important que les prestataires et destinations comprennent que ce n’est pas aux clients entre eux de s’auto-réguler, mais que c’est à leur personnel de veiller au bien-être de tous. Ce n’est pas la technologie qui pourra modérer les comportements, c’est bien la présence humaine.

Pour lire la suite de l’article, c’est ici et c’est gratuit !

Retour sur le Digital x Outdoor 2018

Organisée par ImaginoveCITIA et Outdoor Sports Valley, la 3ème édition du Digital x Outdoor (DxO) a eu lieu le 8 novembre dernier à Archamps. Cet événement propose de décrypter l’innovation numérique et d’accompagner les entreprises de l’industrie de l’outdoor vers une meilleure connaissance des solutions « digitales » disponibles. La thématique centrale de cette édition était consacrée à l’expérience client en tant que levier de différenciation de la marque. Armelle Solelhac, PDG de SWiTCH, a eu le plaisir d’y faire une conférence plénière « en bon français » sur les tendances du marketing numérique d’ici à 2025. Voici les points clés à retenir.

La vente ou l’expérience d’achat aboutie des consommateurs multi facettes
Les nouvelles technologies ont radicalement modifiées les attentes des consommateurs ces 20 dernières années. L’acte d’achat est une question de timing, de précision, de compréhension de l’autre et d’efficacité… comme dans le sport ! C’est aussi devenu une question d’expérience et de valeur. Ainsi les marques doivent s’inscrire dans le quotidien de leurs cibles de clientèles pour mieux les toucher. En 2018 les consommateurs sont désormais surinformés, exigeants et… hautement infidèles ! Ils sont surtout uniques. Ils ont tout de même pour dénominateur commun de construire leurs achats avec de nombreux canaux. Cet état sonne donc le glas du marketing de masse (ce que nous avions annoncé sur ce blog depuis 2016) tout comme de la distribution de masse. Toujours adeptes du shopping en points de vente physiques, les consommateurs y réalisent encore plus de 80% de leurs achats. Ils deviennent cependant très sensibles aux marques engagées qui répondent aux grands enjeux sociétaux.

Les 10 tendances du marketing numérique d’ici à 2025
Dans ce contexte, nous avons présenté ce qui nous semblait être les tendances du marketing numérique pour les 7 prochaines années. Voici notre présentation détaillée :

Pour mémoire, voici notre présentation sur les tendances du marketing numérique d’ici à 2020 :

A l’année prochaine pour le DxO 2019 !

Comment convertir et fidéliser les skieurs et les snowboarders ?

En ce début de saison d’hiver 2018/2019, on voit fleurir partout dans les media plus ou moins spécialisés les grandes questions du moment : skiera-t-on demain ? Au-delà des questions de réchauffement climatique, pourquoi est-ce qu’on a de moins en moins de pratiquants des sports d’hiver ? Que faire pour endiguer ce phénomène ?

Nos consoeurs de Poprock ont mené une étude tout à fait intéressante sur le Pourquoi que nous vous laissons découvrir ici et Planet Ski vient de sortir un article qui vient compléter cette analyse. Nous souhaitons ici nous intéresser aux initiatives efficaces qui sont conduites outre-Atlantique. Car si cette question semble faire son apparition seulement maintenant dans les Alpes, il y a bien longtemps qu’elle est dans la ligne de mire de nos homologues américains. Depuis plusieurs années, la National Ski Areas Association (NSAA) mène un combat essentiel pour la survie de l’industrie des stations de montagne américaines en hiver : s’assurer qu’il y aura toujours des skieurs et des snowboarders sur les pistes ! Mais comment s’y prend elle ? Les stations françaises pourraient-elles s’en inspirer ? Pour cela, elle a mis en place un concours, avec trophée géant à la clé, pour motiver les stations à développer des programmes de « conversion ». Mais qu’est-ce que la conversion ? C’est le fait de transformer des non-skieurs ou des non-snowboarders en pratiquants qui reviennent au moins une fois par an pendant trois années de suite. Cela touche donc principalement des débutants, jeunes ou adultes, mais cela peut aussi être des gens qui ont arrêté de glisser pour diverses raisons.

L’approche n’est donc en aucun cas à court terme, bien au contraire. Si l’on regarde les annales de ces 5 dernières années, ce sont les stations qui ont eu le courage et l’endurance de déployer des programmes sur plusieurs années et qui ont recueilli les meilleurs résultats qui ont remporté la coupe. En effet, si l’on regarde avec attention l’évolution de la pyramide des âges des pratiquants en Amérique du Nord (et c’est sensiblement la même en Europe !), la génération des baby-boomers continue de vieillir et va à terme remiser ses skis au placard. Les différentes études montrent que le nombre de pratiquants va diminuer de 2,5% par saison si aucun effort n’est fait par les différents acteurs des stations US.

Les paramètres pris en considération par les juges du concours sont les suivants :

  • Augmentation du nombre de cours de ski/snowboard de niveau 1 ;
  • Volume de cours de niveau 1 par rapport au nombre total de visites de skieurs et de snowboarders ;
  • Nombre de ventes comportant plusieurs cours de ski ou snowboard ;
  • Ventes sur toute la saison sur des programmes d’apprentissage spécifiques conçus pour encourager les visites répétées ;
  • Sophistication & Capacités globales de collecte de données ;
  • Ingéniosité marketing, créativité, utilisation des nouveaux media, etc.

La Conversion Cup est un trophée qui a vocation chaque année à être passé, tel un témoin, d’un station à une autre. Une plaque personnalisée (notamment avec l’année) est cependant remise à chaque station qui a remporté le trophée en mémoire des efforts réalisés. Suite à la saison 2017/2018, c’est la station de Snowbasin (UT) qui est le grand vainqueur. Leur « Learn & Earn Program » s’étale sur 3 ans et s’adresse à ceux qui n’ont jamais mis les pieds en station de montagne. Il a connu un succès majeur puisqu’il a augmenté de 29% sur la dernière saison. Il se décompose ainsi :

  • Hiver 1 « Learn & Earn Program » : 3 jours complets de cours collectifs de ski ou snowboard + 1 location de matériel à la saison + 1 forfait saison une fois que tous les cours ont été réalisés + 1 session de bienvenue à l’automne pour essayer le matériel, rencontrer son moniteur, se familiariser avec la station et poser des questions. Le but de cette « welcome session » est de faire en sorte que les grands débutants se sentent « inclus » et deviennent immédiatement enthousiastes à l’idée de pratiquer cette nouvelle activité. 100% des participants ont été au bout des 3 journées de cours de ski, dont 81% avant la mi-février 2018.
  • Hiver 2 « Learn, Earn & Return Program » : 3 jours complets de cours collectifs de ski ou snowboard + 1 forfait saison une fois que tous les cours ont été réalisés + 1 offre pour acheter tout son équipement à 499 US$ (enfants) et 599 US$ (adultes). 71% des participants de la 1ère année ont complété cette partie du programme.
  • Hiver 3 qui aura lieu en 2018/2019 : 1 cours particulier de ski ou snowboard + une série d’avantages commerciaux.

Voici la liste des précédents vainqueurs de la Conversion Cup, qui montre bien que ces efforts profitent surtout aux petites et moyennes stations de montagne :

À quand la même chose dans les stations françaises ? Probablement pas pour cet hiver ! Il est important de préciser, pour être tout à fait honnête et complet, que les stations nord-américaines étant totalement intégrées. Leur business model et leur structuration leur permettent donc beaucoup plus facilement de mettre sur pied ce type de programme contrairement aux stations françaises qui comptent de nombreux acteurs et plusieurs strates décisionnelles.