Dans le cadre des SWiTCH Initiatives nous souhaitons vous faire découvrir des entreprises qui font bouger les choses, des gens passionnés, qui créent des produits directement inspirés de leurs pratiques sportives. SWiTCH a rencontré Thomas Rouault (29 ans aujourd’hui !), co-fondateur du site de vente en ligne Snowleader, « The Reblochon Compagny ».
SWiTCH : Bonjour Thomas, peux-tu nous présenter ton parcours et ton entreprise ?
Thomas Rouault : Bonjour, j’ai fait mes études supérieures à Nice Sophia Antipolis (aujourd’hui Skema Business School) complétées par une césure et un apprentissage chez Nike pendant deux ans. A la fin de mes études je ne savais pas exactement ce que je voulais faire, j’ai enchainé plusieurs emplois qui ne m’ont pas vraiment intéressé. J’étais et je suis toujours passionné par Internet et les sports outdoor, je me suis dit pourquoi ne pas me lancer dans le e-commerce ? On a donc crée Snowleader à 4 il y a 3 ans. Aujourd’hui Snowleader, c’est dix salariés, 2,3 millions d’euros de chiffre d’affaire sur le dernier exercice, 6000 produits en ligne.
SWiTCH : Raconte-nous l’histoire de Snowleader?
T.R : Snowleader est né d’une idée : créer un magasin similaire aux plus beaux magasins de station, proposant les plus beaux produits… mais sur Internet ! Notre volonté initiale était de proposer tous les produits liés aux pratiques sportives de la région Annécienne. Le souci c’est qu’aucune marque ne nous faisait confiance, il a donc fallu que l’on s’associe avec un magasin de sport du Grand Bornand pour pouvoir ouvrir des comptes clients et recevoir de la marchandise. En 6 mois on faisait le même chiffre d’affaire que ce magasin…
SWiTCH : D’où vient le nom Snowleader ?
T.R : On cherchait un nom qui ne fasse pas « cheap ». On s’est inspiré des magasins de stations, on a cherché un nom qui soit fort et disponible en .com ! On est donc parti sur Snowleader, mais on trouvait que cela faisait trop sérieux. Comme nos premiers locaux étaient basés au Grand-Bornand, on a décidé de lier une activité pastorale – la fabrique du reblochon – au e-commerce. Le but c’était de faire profiter les agriculteurs du développement du e-commerce, c’est pourquoi Snowleader « the reblochon company » offre un reblochon fermier pour toutes commandes supérieures à 150€.
SWiTCH : Quelles sont les valeurs de Snowleader ?
T.R : Nous ne faisons jamais de prix cassés, contrairement à la tendance du e-commerce (85% du business sur Internet ce fait avec des prix barrés). Nous défendons les beaux produits, les produits introuvables ailleurs. Nous proposons un service client irréprochable au niveau du conseil, de la disponibilité produit ou encore de l’expédition. Et bien sur le reblochon !
SWiTCH : Comment gérez-vous le conseil client, qu’est-ce qui vous différencie d’un shop classique ?
T.R : Quand tu es en magasin, tu n’as pas forcément le bon produit en stock pour ton client, du coup tu ne veux pas perdre une vente et tu diriges ton client vers un produit qui sera peut-être moins adapté. Nous on s’engage sur une disponibilité et on a toujours le bon produit au bon moment pour le bon client. Nous avons deux personnes à plein temps pour le conseil client, nous sommes disponibles par téléphone, mail, skype, etc. Nous essayons d’être irréprochables sur cet aspect, c’est notre point fort et l’un de nos éléments différenciant.
SWiTCH : Quelle a été la principale difficulté rencontrée depuis l’idée créatrice de Snowleader jusqu’à aujourd’hui ?
T.R : Je dirais que le plus dur aura été de faire la part des choses entre tous les conseils qu’on nous donnait et ce que nous voulions vraiment faire. Quand on a lancé Snowleader, l’activité e-commerce en était à ses débuts, surtout dans notre domaine ! Il n’y avait pas ou peu d’écrits sur ce type d’activité mais beaucoup de personnes se sentaient investies d’un grand savoir et nous abreuvaient de conseils. Je pense qu’il faut être capable de faire la part des choses, faire confiance à son instinct et ne pas se laisser influencer. Il faut mettre en œuvre ses propres idées.
SWiTCH : Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans le e-commerce ?
T.R : Je pense qu’il faut d’abord penser à son référencement sur Google avant même de déterminer son activité. Si je l’avais fait j’aurais certainement vendu d’autres types de produits ! Il faut aussi prendre en compte, voir surestimer, le coût financier du référencement.
SWiTCH : Quelle est ta plus grande satisfaction ?
T.R : Avec 10 000 euros lors du lancement de Snowleader on est arrivé à monter une entreprise qui après trois ans fait 2,3 millions d’euros de chiffre d’affaires.
SWiTCH : Est-ce que vous avez procédé à des augmentations de capital ?
T.R : Non ! C’est d’ailleurs un problème, ton business marche mais comme tu ne l’abreuves pas financièrement les banques ont plus de mal à te faire confiance. Un spécialiste du e-commerce dirait : avec 10 000 euros vous faites 2,3 millions, si je te donne 30 000 euros vous multipliez le CA par trois ! Malheureusement, les banques n’ont pas la même approche. En France, il y a des aides qui existent pour les créations d’entreprises (exonération de charges, etc.), mais il n’existe rien pour des entreprises dans notre situation.
SWiTCH : Comment gérez-vous les stocks face à un tel accroissement d’activité ?
T.R : On a essayé d’anticiper la croissance. On essaie d’avoir le minimum de surstocks possible. Paradoxalement, notre stratégie de ne jamais faire de prix barrés nous permet d’écouler plus facilement nos surstocks en période de soldes.
SWiTCH : Quels sont les moyens de communication que vous utilisez ?
T.R : On communique essentiellement sur le web via des affiliations, AdWords, des bannières, des comparateurs de prix. On fait également des parutions dans la presse papier, à la radio et… peut-être bientôt à la TV !
SWiTCH : Quelle vision à 5 ans as-tu de Snowleader ?
T.R : Nous souhaitons devenir une alternative au Vieux-Campeur, élargir notre domaine de compétence. Aujourd’hui ce qui nous freine c’est la compétence technique pour le conseil client. On peut conseiller quelqu’un pour un trekking au Népal ou un trip ski dans les Lofoten, mais nous ne sommes pas encore compétents sur des activités comme le kite-surf, le surf ou le VTT par exemple.
SWiTCH : Est-ce qu’il y a un sujet que nous n’avons pas abordé mais dont tu aurais voulu parlé ?
T.R : Le e-commerce dans le secteur outdoor est un business à part entière, c’est exactement comme un commerce, il y a énormément de charges. Il faut arrêter de croire que c’est simple et qu’il n’y a pas de charge !
SWiTCH : Merci Thomas, bonne continuation pour la suite et bon anniversaire !