Retour sur ISPO 2016
Comme tous les ans, nous sommes allés au salon ISPO à Münich, grande messe annuelle et internationale du monde de l’outdoor. Nous avons flairé les tendances et les signaux faibles pour 2017. Résumé.
Sobriété et ouverture
Nous n’avons pas encore eu le chiffre officiel quant au nombre de visiteurs du salon à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais de l’avis général la fréquentation est beaucoup moins dense que d’habitude pour les 3 premiers jours. Certaines très grandes marques ont du faire des coupes drastiques dans leur budget marketing, la taille des stands a diminué, certaines s’associent pour mutualiser les coûts et d’autres sont tout simplement absentes (DaKine pour n’en citer qu’une). Ca circule facilement dans les allées et sur les stands. Les portes autrefois désespérément fermées de certaines marques s’ouvrent enfin à tous. Fini les postures arrogantes ou condescendantes, désormais toute personne est un client potentiel.
La fin du dépassement des limites et la montée du ludique
L’ère du « pushing the limit » semble presque terminée pour faire place à celle du snacking d’expériences ludiques, du confort, du naturel et du pratique. A grand renfort de baselines, les marques outdoor glissent vers une approche plus réaliste des pratiquants et de leurs comportements de consommation. Le meilleur exemple de ce phénomène est bien la fin du ski de randonnée en mode « collant-pipette », où il fallait se brûler les poumons pour avoir réussit sa sortie, au profit de la poussée du « free rando » – qui a commencé sa montée en puissance depuis 2007 – et devrait atteindre son apogée d’ici deux ou trois saisons. Nous avons ainsi pu observer que les marques proposent plusieurs modèles de ski de randonnée, ainsi qu’une gamme de plus en plus profonde de split boards, là où il y a encore un ou deux ans seulement elles n’en proposaient qu’un seul modèle, voire aucun. Dans cette lignée, il y a une place de plus en plus prégnante des produits destinés à la pratique du trail running chez certains équipementiers, dont Salomon qui semble presque vouloir faire oublier qu’elle était une marque de ski à l’origine.
Des produits pratiques et évolutifs
Nous avions déjà remarqué l’année dernière que les marques avaient porté leurs efforts sur la création de vêtements pratiques, multi-usages et évolutifs en fonction des modes de vie des utilisateurs. Ainsi, la marque allemande Mamalila a présenté sa gamme de vestes pour femmes enceinte, qui se transforment, par un jeu d’inserts en tissu, une fois que l’enfant est né en permettant de le porter bien au chaud contre soi, sur son ventre ou dans le dos. Il existe des modèles pour les messieurs aussi !
ZAMST propose de son côté la MS-K tape, qui permet de se faire un strapping comme un pro sur les chevilles, les genoux, la voûte plantaire et les mollets. Bien pensé, avec des numéros à suivre comme un jeu d’enfant, ce produit permet d’inhiber la douleur, de libérer les tensions sur la zone traitée et d’activer la proprioception (15 € en magasin).
Des couleurs vives, des coupes et des détails soignés
Fini les pastels de 2016, en 2017 on assume les couleurs vives ! Violet, bleu vif, vert, du orange par petites touches sont au menu de toutes les marques, que ce soit pour les vêtements, les accessoires ou le hardware.
Les coupes sont précises et les détails soignés, les designers ont joué avec les matières, que ce soit pour leurs formes ou leurs propriétés techniques : de larges scratchs aux manches (Helly Hansen), des renforts sur les cuisses insérés dans les pantalons en cas de chute (Black Diamond), des chaussures de trail profilées comme des chaussures de course sur piste (Salomon), des chaussures de Freeride avec trois crochets et un scratch oversize (K2), des tissus à « caissons d’isolation » (Icebreaker), des mélanges improbables de matières sur les vêtements comme les accessoires (Picture Organic Clothing et sa casquette à visière en liège, henjl et ses pulls néo-classiques), etc.
L’évaluation et le partage de l’expérience
Cette année encore, pas d’innovation renversante. On signale tout de même le travail de In & Motion avec son airbag directement intégré à la tenue des coureurs en ski alpin. Le produit développé en Haute-Savoie, grâce au cabinet Conicio, en partenariat avec la marque suédoise POC avait déjà fait sensation il y a tout juste deux semaines lors du CES de Las Vegas.
D’une manière générale, les marques ont soit déployé leurs propres applications mobile pour aider les utilisateurs à partager leurs expériences avec le produit (Ex : Rossignol) auprès de leurs proches, soit développé des produits « wearables » permettant de suivre en temps réel ses performances et, bien entendu, de les partager sur les réseaux sociaux. A titre d’exemple, Reimago glisse des puces dans les vêtements des enfants pour suivre leur activité physique. Ces dernières sont reliées à une application iPhone, qui permet en temps réel de savoir si l’enfant s’est suffisamment défoulé dans la journée. Il est possible de comparer l’activité physique de plusieurs enfants sur la même application et de leur lancer des challenges sportifs. Il faut tout de même compter 50 euros pour une puce et l’application mobile. La marque a reçu un Scandinavian Outdoor Award 2016 pour cette innovation, qui, soyons honnêtes, nous a laissé un peu perplexes. A la marge, certaines marques présentent désormais leurs produits en situation grâce à l’oculus rift et à la réalité virtuelle.