2 ans et plus de 10 000 heures de travail : c’est le temps qu’il a fallu à Sébastien Schropff, Benoit Davaut et Yoann Genier, trois passionnés d’Internet et de relations humaines, pour lancer le 1er réseau social de proximité dédié aux passions Onetous.
Basée à Annecy, l’équipe d’entrepreneurs a mis en place une plateforme (gratuite !) visant à promouvoir des évènements et activités de proximité d’une manière novatrice et sociale. À la différence des sites de sorties, le concept se focalise sur les passions de chacun. Plutôt qu’une liste infinie et désorganisée d’activités, Onetous (prononcer : One-to-us) sélectionne et suggère uniquement celles susceptibles d’intéresser l’utilisateur. En résumé, ce dernier a donc la possibilité d’échanger avec d’autres partageant les mêmes centres d’intérêt, de découvrir des idées de sortie en lien avec ses passions et d’organiser lui-même ses propres sorties s’il le souhaite.
Parallèlement au site grand public, les professionnels ont la possibilité via une interface de gérer une communauté et de promouvoir des évènements vers les membres susceptibles d’être intéressés. 50 professionnels ont pour l’instant utilisé les services de Onetous dans le cadre de leur campagne de communication.
Après le lancement en automne dernier, le site a rapidement atteint plus de 2600 inscrits et une croissance du nombre d’utilisateur de 5 à 10% par semaine. Un bel avenir semble donc promis à cette startup, à laquelle nous souhaitons le meilleur en cette nouvelle année 2013 !
Nous avons eu la chance de rencontrer Sébastien Schropff et de lui poser quelques questions. Interview.
SWiTCH : Pouvez-vous présenter votre équipe ?
Sébastien Schropff : Yoann Genier (30 ans), diplômé de l’ESC Chambéry, crée sa première société de conseil axée sur le web fin 2010. Il est par ailleurs consultant et enseignant au CESNI et à l’ESC Chambéry en communication online et réseaux sociaux. Dans le cadre du projet Onetous, Yohann se charge de la communication, des relations presse, du développement des partenariats, de la gestion du blog et enfin du community management.
Benoit Davaut (29 ans), diplômé d’un Master NTIC à l’Université de Savoie, est fondateur de sa société icreaweb (création de sites web) après plusieurs expériences en entreprise. Benoit se charge pour Onetous du développement et du design.
Quant à moi, Sébastien Schropff (29 ans) je suis diplômé d’un Master en Marketing-Vente à l’Université de Savoie. Avant de me lancer dans le projet Onetous en tant que gestionnaire de l’entreprise et des partenariats, j’ai eu une expérience commerciale dans la filiale française d’une société allemande de services télécom aux entreprises.
Enfin, Maxime Lorenzy (21 ans), en contrat d’apprentissage, est développeur pour Onetous.
SWiTCH : D’où l’idée de Onetous est-elle née ?
Sébastien Schropff : Originaire de Chamonix et fan de sports, j’ai déménagé à Lyon pour raisons professionnelles en 2008. Le besoin de découvrir de nouvelles personnes s’est fait sentir, j’ai mis un an pour me créer un réseau social et amical. Mon premier contact avec un lyonnais s’est fait à Annecy lors d’une sortie en parapente !
Une question nait alors : les passions peuvent-elles rapprocher les gens ? Oui forcément ! Mais aucun service n’existait à l’époque. Début 2010, l’idée voit alors le jour en se basant sur un constat : un réseau lié au sport tel que WidiWici ne rassemble pas les gens autour de leur sport.
Des réseaux sociaux de niche existent déjà pour des gens partageant les mêmes centres d’intérêt thématiques. Cependant, Onetous se démarque en permettant d’être sur plusieurs thématiques à la fois. Le principal concurrent de la startup est onvasortir.com, réseau qui suggère automatiquement des activités ainsi que des événement créés par d’autres utilisateurs. Dans le cas de Onetous, le contenu vient directement aux utilisateurs grâce à un algorithme codé en interne, créant ainsi la valeur ajoutée du réseau et son facteur concurrentiel.
SWiTCH : Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Sébastien Schropff : J’ai rencontré Yoann lors d’un enterrement de vie de garçon en 2011. Après m’avoir aidé à mener une étude de marché autour du projet, l’association entre nous s’est faite naturellement et le projet a été porté ensemble. Les échanges autour du projet Onetous sont intenses, les idées fusent !
En septembre 2011, Benoit m’a envoyé une demande de contact via Viadeo. Nous avons échangé et peu à peu vu des synergies possibles se dégager. Nos personnalités compatibles, notre ambition, notre caractère entrepreneurial sont autant de points communs entre nous. Deux semaines plus tard, Benoit rejoignait l’équipe.
L’équipe est définitivement constituée en octobre 2011. Quelques mois après, le 8 février 2012, la société est constituée en SAS avec un capital de 27000€, maintenant passé à 29048€.
SWiTCH : Et votre expérience dans tout cela ?
Sébastien Schropff : Je me considère comme le chef d’orchestre de l’équipe, mettant en musique les expériences antérieures de mes associés. Le fait de travailler avec des gens ayant déjà créé leur société est un gros avantage.
SWiTCH : Quelles sont les valeurs fondamentales de l’entreprise ?
Sébastien Schropff : L’ouverture d’esprit et la curiosité : Benoit n’a pas tout appris sur les bancs de l’école mais en faisant des recherches et en travaillant. L’ouverture au monde et la volonté de mettre en lien des gens qui vivent dans la même région ou à l’autre bout du monde nous caractérise également. Le partage des compétences, de bonheur : United we stand!
La tolérance : il faut s’adapter à nos utilisateurs en permanence et être tolérants les uns avec les autres. Enfin, l’écoute et le dynamisme sont également au cœur des valeurs fondamentales de Onetous.
Nous sommes tous trois autodidactes et inspirés par le management à la « Google ».
SWiTCH : Comment ont réagi vos proches lorsque vous leur avez annoncé votre projet ?
Sébastien Schropff : A l’annonce du projet, les membres de ma famille n’ont pas vraiment eu de réaction car cela paraissait presque normal et logique au vu de mon parcours personnel et professionnel. Seuls mes amis qui travaillent dans la finance ont eu des réticences en raison des risques.
SWiTCH : Quelles ont été vos plus grandes joies depuis la création de l’entreprise ?
Sébastien Schropff : L’équipe est complémentaire et porte le projet de façon unie. Les résultats de l’étude de marché sur 300 personnes sont également une source de satisfaction. En mars 2012, le lancement du prototype en version Bêta auprès de 100 testeurs a été un moment fort avec des retours positifs et gratifiants.
L’arrivée d’un investisseur extérieur (ayant rejoint l’aventure en tant que business angel en juillet 2012) qui s’intéresse au projet et y participe est également un moment extrêmement positif également. Enfin, le lancement officiel le 17 septembre 2012 et la connexion simultanée de plusieurs centaines de personnes furent vraiment jouissifs !
SWiTCH : Quelle a été votre plus grande difficulté depuis le début de l’aventure ?
Sébastien Schropff : La recherche d’associés fut une tâche compliquée. Je n’ai pas le talent pour mener mon projet techniquement seul. Bien que passionné de web, je suis moins technicien et ne souhaite pas être seul dans une telle aventure.
Les 6 mois de travail avec un développeur n’ayant pas la fibre entrepreneuriale furent un moment difficile : nous avons dû nous séparer car nous ne partagions pas une vision commune du projet.
SWiTCH : Comment voyez-vous Onetous d’ici à 5 à 10 ans ?
Sébastien Schropff : Je souhaite aussi que Onetous atteigne plus de 100 salariés, se développe à l’international, soit rentable mais sans entrer en bourse pour garder un certain contrôle. L’idée n’est pas de faire de l’argent pour l’argent.
Nous voulons être une lean-startup, à savoir qu’aucun service n’est figé mais en perpétuelle évolution. Il est cependant difficile de dire ce que Onetous sera dans 10 ans. Enfin, une entreprise où il fait bon vivre, où les gens pourront me dire « merde » si nécessaire.
SWiTCH : Quels seraient vos conseils pour quelqu’un qui souhaiterait créer sa boîte ?
Sébastien Schropff : Il y aurait beaucoup à dire ! (rires) Disons pour faire simple :
- Ne pas se poser de questions
- En parler au plus grand nombre sans avoir peur de se faire piquer l’idée car la différence se fait sur l’exécution
- Aller vite dans l’exécution, ne pas perdre de temps à essayer avant d’avoir quelque chose de parfait, mais plutôt sortir un modèle pour le tester et recueillir l’avis des utilisateurs
- Le nerf de la guerre est le temps qu’il vous reste avant l’échéance
SWiTCH : Pourquoi avoir choisi de créer en France plutôt que la Silicon Valley ?
Sébastien Schropff : Beaucoup de subventions à la création et d’aides sont disponibles (allocations de retour à l’emploi, NACRE, crédit impôt-recherche, Oséo etc) et permettent au début de démarrer facilement. Cela dit, ça ne veut pas dire que je resterai en France à terme car il y a un mauvais signal culturelle et économique envoyé aux entrepreneurs.
En France, un entrepreneur qui réussit est un voyou alors que c’est une rockstar aux USA. Par contre, si tu échoues en France, tu es nul et tu deviens une persona non grata. Aux USA, c’est l’inverse : on t’écoute davantage car tu as de l’expérience. Cette mentalité évolue auprès des plus jeunes (-40 ans). Cela dit, l’Europe se fige et devient un musée. Beaucoup de mes amis ont fait le tour du monde. Je n’ai jamais voyagé mais j’entreprends.
Les investisseurs n’investissent plus dans notre secteur d’activité. Les charges et impôts sont destructeurs d’emploi en France, chose très décourageante pour les jeunes entrepreneurs. Nous irons surement à terme au Royaume-Uni ou en Belgique, car le coût du travail est moins cher et il y a une certaine proximité ou aux USA pour la culture entrepreneuriale. D’ailleurs, les activités web représentent 5% de la croissance en PPB en France contre 15% en Angleterre et plus encore aux USA.
SWiTCH : Quel est votre business model ?
Sébastien Schropff : Nous ne faisons pas de pub sauf pour les billets, ni de revente des fichiers et des données des utilisateurs pour créer une situation de confiance avec l’utilisateur. Par contre, nous touchons des commissions sur les évènements payants, des abonnements existent pour les professionnels. Il y a aussi un système d’achat de points qui a été mis en place. Mais la question clé n’est pas celle de trouver un bon business model mais de connaître quand celui-ci sera rentable !