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Comment créer une chaîne YouTube percutante ?

Huit ans après son lancement, YouTube compte officiellement 1 milliard d’utilisateurs par mois et près de 100h de vidéos uploadées chaque seconde ! Au milieu de cette masse de contenu, le service vidéo de Google offre aux marques la possibilité d’accroître leur visibilité sur le réseau, notamment via les chaînes. Focus.

Hiérarchiser et organiser les vidéos d’une chaîne est tout d’abord primordial pour offrir sens et clarté à l’internaute. En ce sens, des playlists peuvent être crées à volonté selon des thématiques choisies (évènements, produits, activité interne etc.) afin de regrouper les vidéos. Nous avons sélectionné la chaîne YouTube de la marque Petzl pour illustrer ces propos.

 

Il est indispensable d’attacher de l’importance au design de la chaîne et de choisir des visuels caractéristiques de la marque. Les nouvelles chaînes lancées depuis peu permettent dès à présent, en plus du logo, d’uploader une bannière figurant en haut de page. Lier la chaîne YouTube de la marque à son site web ou d’autres comptes sociaux – par des liens visibles sur la bannière – est également un moyen efficace de valoriser sa présence sur d’autres plateformes en lignes ! Évidemment, attention à choisir un titre de chaine pertinent et dont l’url sera référençable facilement sur le web.

Pour ce qui est des vidéos, la HD est quasi-indispensable (au moins 720p) pour une chaîne qualitative, tant sur le contenu que sur la forme. Certains formats comme .mp4 offrent de meilleurs résultats. Il est important de choisir également une miniature vidéo qui soit percutante et visuellement attractive. Il faut que l’internaute ait envie de cliquer ! Enfin, mettre en valeur une vidéo est possible : celle-ci se retrouve en haut de page, en grand format et prête à la lecture.

 

 

Autre point essentiel à considérer, voici les mots clés. Ces derniers permettent d’être visible sur le moteur de recherche YouTube mais plus généralement sur du référencement global. Attention donc à choisir des titres de vidéos courts, pertinents et contenant les mots clés caractéristiques. La description est également clé et doit être soignée, tout en sachant qu’elle est coupée dès 180 caractères (clic nécessaire au-delà pour que l’internaute voit le reste de la description). Évidemment, renseigner le champ « Tags » est plus que nécessaire lors de l’upload d’une vidéo. Là encore, choisir des termes pertinents et susceptibles d’être tapés par l’internaute lors de sa recherche.

Lier les vidéos entre elles ou bien créer une passerelle directe vers la chaîne YouTube – via les annotations – est un autre moyen de développer le trafic des vidéos de cette même chaîne. Situé sous les vidéos (si connecté en tant qu’administrateur), l’onglet Annotations permet d’ajouter des liens cliquables sur une production. Attention cependant à ne pas en abuser. Mieux vaut les placer discrètement et temporairement au début/fin de la vidéo pour ne pas être trop intrusifs. Cette mise en réseau des vidéos (tout en gardant une cohérence sur les thèmes des vidéos) permet une meilleure visibilité de celles-ci et au final de la chaîne liée.

[Résumé] 3ème édition du European Outdoor Forum les 16 et 17 octobre 2012 à Annecy

Pour la troisième année consécutive, le European Outdoor Forum a lieu les 16 et 17 octobre 2012, à l’Impérial Palace à Annecy. Cet évènement a rassemblé plus de 230 participants venus du monde entier pour échanger sur l’état du marché des marques et des activités outdoor, découvrir les dernières tendances de consommation et saisir les nouveaux challenges auxquels ils seront confrontés dans les années à venir. Résumé.

Les conférences
Les thématiques des présentations allant de l’état du marché russe aux enjeux du e-commerce pour les marques, en passant par la responsabilité juridique et le coût des accidents pour les producteurs d’équipements de sécurité en montagne, nous ne ferons pas ici de résumé exhaustif de chacune des présentations. Cependant, nous nous arrêterons sur les trois interventions qui nous ont le plus marqué :

  • Alberto di Conti (CEO de ADC Alchemy) a ainsi proposé une définition de l’innovation avant de montrer comment les entreprises pouvaient l’intégrer dans leur développement. Ses meilleures citations :

Because the purpose of a business is to create a customer. The business enterprise has two – and only two – basic functions : Marketing & innovation » (Peter Drucker)

Innovation means creating change instead of reacting to it in a world where we are all reluctant to change (Alberto di Conti)

If you don’t get better, you get worse. (Alberto di Conti’s father)

In the old days, brands wanted everybody to pay attention to them. Now brands need to pay attention to everybody else. (Umair Haque)

Two simple steps for envisionning the future : Get inspired & Get real (Alberto di Conti)

  • Bernard Bressoux (Directeur technique & qualité de Petzl) a expliqué dans une très belle (et particulièrement courageuse) présentation tout l’intérêt pour un fabriquant d’équipements de sécurité en montagne de faire du management des risques préventivement. Il a illustré ses propos par des cas – tragiquement – concrets tout en soulevant les vraies questions sur les conséquences de la politique de l’autruche en matière de prévention et gestion des risques. Il a aussi présenté les meilleures pratiques à adopter en cas de gestion de crise.

As a manufacturer, you have to accept risk management!

Platinum quality system enhances human vigilence.

  • Georges Schott (Fondateur et Vice-Président du Marketing et des ventes de Injinji) a donné ses meilleurs conseils pour aider les entreprises de l’outdoor qui souhaiteraient pénétrer le marché américain. On retient qu’il faut : avoir un business plan (non, mais sérieusement, un VRAI business plan !), avoir beaucoup d’argent, être direct/simple (et éviter d’avoir des produits ou des gammes de produits trop complexes), bien cibler ses zones géographiques de prospection commerciale (en commençant par les côtes et le triangle Colorado/Utah/Wyoming), avoir un ou plusieurs représentants commerciaux payés grassement, accepter de céder des marges de 30% minimum à ses distributeurs, faire des relations presse (et utiliser les média sociaux) plutôt que d’acheter des espaces publicitaires et surtout être PATIENT ! Comme il a insisté pendant toute son intervention sur le fait d’être patient, on va vous le répéter aussi : si vous voulez percer sur le marché américain, soyez TRÈS PATIENT ! 😉

Des moments privilégiés
Comme les éditions précédentes, le principal intérêt du European Outdoor Forum et ce qui fait d’ailleurs sa principale qualité, ce sont les rencontres – ou les retrouvailles ! – avec des personnalités venant du monde entier. Cette année, nous avons pu faire une expérience atypique et tout à fait délicieuse en allant diner dans un « village de tipis » installé entre les berges d’une rivière et les rives du lac d’Annecy. Dans une ambiance très conviviale, nous avons ainsi écouté le parcours surprenant et admirable de Rolf Schmidt (CEO du Groupe Mammut Sports), qui est ainsi devenu le 3ème membre du Outdoor Hall of Fame (après Paul Petzl en 2010 et Heiner Oberrauch en 2011).

Pour prendre le pouls de l’événement, voici deux courtes vidéos :


Rendez-vous l’année prochaine en Scandinavie pour la 4ème édition du European Outdoor Forum.

3ème édition du European Outdoor Forum les 16 et 17 octobre 2012 à Annecy

Après avoir rassemblé plus de 230 personnes du monde entier l’année dernière, le désormais traditionnel European Outdoor Forum aura lieu cette année encore à Annecy du 16 au 17 octobre 2012. La 3ème édition de cette rencontre des acteurs de l’industrie Outdoor organisée par OSV et EOG sera une fois de plus l’occasion idéale d’apprendre, de partager des bonnes pratiques et d’enrichir son réseau d’une manière durable.

Les conférences données à l’impérial Palace d’Annecy seront rythmées par des moments conviviaux autour de repas, donnés le mardi et mercredi midi au restaurant Le Moon et le mardi soir dans des tipis proches des rives du lac d’Annecy.

Des experts internationaux renommés présenteront les sujets suivants :

Jason Kibbey (Directeur exécutif de Sustainable Apparel Coalition) – Présentation de l’approche de la Sustainable Apparel Coalition.

Claudia Bosl – (Fondatrice de Generation Sport) – Démographie de l’outdoor … Êtes-vous en train de surfer sur la vague ?

Vlad Moroz (Cofondateur, copropriétaire et directeur de Redfox) – La Russie, le pays des opportunités ?

Alberto De Conti (Chef de la direction d’ADC Alchemy) – Pourquoi et comment communiquer sur l’innovation dans votre organisation ?

Eugenio Di Maria (Fondateur et chef de la direction des publications EDM), Tomas Främberg (Vice-directeur achat de Stade AB, premier distributeur de sport dans les pays nordiques), Massimo Zuing (Manager du rayon outdoor, vélo et ski chez Sportland, chaine de magasins de sport en Italie) et Willy Beyeler (Responsable du management de marque chez IIC Intersport International Corp.) – Détaillants et magasins multisports: Comment exceller dans l’industrie outdoor ?

Philippe Wargnier (Président d’Evioo.com, le numéro 1 des lunettes sur Internet) – E-commerce: quels sont les vrais enjeux pour les marques ?

PJ Verhoef (Fondateur de la branche EMEA et membre du conseil consultatif de LMA) – Marketing de la géolocalisation: l’extension de la localisation du consommateur cible.

John Jansen (Président de EOCA, directeur général et chef de Keen EMEA) – EOCA, là pour nous tous !

George Schott (Vice-président des ventes et du marketing chez Injinji) – Fracture du marché américain.

Bernard Bressoux (Directeur technique et qualité chez Petzl) – La responsabilité des produits de consommation.

Pascal Aymar (Ex-directeur général en Europe et en Asie chez Coalision) – Lancement du diplôme d’études supérieures spécifiques à l’industrie outdoor.

Rolf Schmid (Chef de la direction Mammut Sports Group)-. La vision très personnelle et enrichissante de l’industrie outdoor par Rolf Schmid (intervention pendant le dîner).

Vous pouvez vous inscrire à l’évènement ici.

En espérant vous y trouver nombreux !

European Outdoor Forum 2010 – 1ère journée

Comme annoncé il y a quelques semaines, Le European Outdoor Forum (EOF) se déroule en ce moment même à Annecy du 11 au 13 octobre. SWiTCH y participe et vous propose ici un résumé de l’évènement.

Les festivités ont donc été lancées hier soir à bord du MS Libellule lors du diner d’ouverture sur le lac d’Annecy, sponsorisé par ISPO. Pas de long discours, ni de grandes déclarations politiques, mais un moment sympathique et surtout très convivial pour rencontrer les « speakers », retrouver quelques « piliers » de l’industrie Outdoor et faire de nouvelles rencontres. Le point d’orgue fut l’intervention de Paul Petzl sur les temps forts de sa carrière d’entrepreneur dans le business de l’outdoor, les core values et les 3 piliers de la réussite de son entreprise éponyme. Nous l’avions déjà rencontré l’année dernière, mais son discours cette fois beaucoup plus personnel nous a d’autant plus touchés que c’est un exercice dans lequel il n’est pas forcément très à l’aise. Les quelques conseils qu’il nous a ensuite transmis personnellement sont autant d’encouragements à faire toujours mieux et à donner davantage à notre communauté.

Ce matin, la séance a été ouverte par un discours d’accueil de Jean-Luc Rigaut (Maire d’Annecy) avec un accent franglais tout à fait charmant devant pas moins de 220 participants et représentants de 18 entreprises et organisations différentes venant de France, Italie, Allemagne, Espagne, Scandinavie, Grande-Bretagne, Suisse, Canada, USA. David Udberg (de EOG) a ensuite pris le relais en lançant un appel fort : le marché de l’outdoor augmente tous les ans depuis plusieurs années, mais il y a un très grand manque de données marketing. La filière doit donc s’organiser pour collecter ces données et dégager des tendances utiles à tous. Jean-Luc Diard a poursuivi en nous insuflant l’esprit de cet événement : « Learn, Share, Network, Sustain ». On pourrait presque dire que cet événement se veut comme le TED de l’outdoor !

Elizabeth Laville (fondatrice et directrice d’UTOPIES) a commencé la série de conférences de la matinée avec une présentation sur le thème de « la responsabilité sociale des entreprises 2.0 : la prochaine étape ». On en retient notamment que :
– L’appel à l’action et à la mobilisation pour la préservation de l’environnement vient désormais de toutes les directions et d’une manière qui n’a connu aucun précédent ;
– Les écologiques et les capitalistes se rejoignent (au moins en matière de communication !) ;
– Le « durable » est vecteur de nouveaux challenges ;
– La « menace verte » est désormais aussi devenue une « opportunité verte », qui crée déjà des emplois et permet de gérer les ressources naturelles d’une autre manière (en particulier les ressources en eau) ;
– Le changement est dans l’air du temps : on le retrouve partout dans les médias, dans les messages publicitaires et peu à peu dans les moeurs. Mais aussi dans les petites entreprises (comme SWiTCH ou nos amis d’Azimut Innovation) comme dans les grandes (Ben & Jerry’s, Petzl, The Body Shop, Patagonia, Nature & Découvertes, Toyota, etc.) ;
– Le CSR est proactivement intégré dans les innovations de produits et dans les business models des entreprises, avec des répercutions dans les stratégies marketing et dans les messages publicitaires ;
– Les représentations du Pouvoir ne passe plus par ce qui est grand, cher et bling-bling, mais par ce qui a une faible empreinte environnementale et une bonne efficience énergétique ;
– « Dire la vérité est un acte révolutionnaire » (George Orwell) ;
– Le développement durable est désormais une question d’argent, pas uniquement d’image et de perception d’une marque ou d’une entreprise ;
– La durabilité n’est plus une option et qu’il y a de nouvelles règles à respecter : elle doit être proactivement intégrée, proactivement innovante et proactivement enseignée (aux salariés, aux fournisseurs, aux clients, etc.).

Michel Desbordes (Directeur de publication du Journal International du Sport Marketing et du Sponsoring, professeur de marketing sportif, Université Paris Sud XI) a enchaîné sur une présentation relative au « marketing sportif, quoi de neuf à l’horizon ? » En substance, si vous suivez régulièrement ce blog, rien de neuf à l’horizon que vous auriez pu apprendre de cette intervention. Pour nos lecteurs les moins fidèles, voici néanmoins les 6 tendances du néo-marketing relevées par M. Desbordes :

– Le marketing expérientiel
– Le CRM
– Le one-to-one Marketing
– Le Yield Management
– Le Géomarketing
– L’Ambush Marketing

Après une pause déjeuner dans l’un des restaurant de l’Impérial Palace, nous avons poursuivi par une présentation de Pierre Jarniat (Directeur du développement PeaK à Thésame) sur « l’innovation collaborative : une nouvelle façon de penser ». Nous sommes ici bien obligés de reconnaître que nous ne pourrons vous faire un résumé de cette intervention pour cause de sieste digestive d’urgences au bureau à traiter.

Ed Stevens (Président de Shopatron Inc) a bien réveillé l’auditoire en commençant sa présentation sur « l’avenir du commerce électronique pour les marques de la «nouvelle économie ». » en faisant un jeu assez drôle où l’on pouvait gagner 50 euros. Là encore, si vous suivez régulièrement le blog de SWiTCH vous n’auriez rien appris de nouveau…

Au programme pour demain :
– Prof. Eckehard Fozzy Moritz (directeur de SportKreativWerkstatt)
– Eugenio di Maria (fondateur et PDG de SGI-Europe)
– Cortney McDermott (directrice CSR et développement durable à The North Face (VF Corp), présidente du groupe de travail développement durable au sein de European Outdoor Group)
– Antonia McCahon (associé gérant de Fullsix)

Stay tuned !

Crédit photo Paul Petzl et Ed Stevens : J-M FavreEuropean Outdoor Forum
Crédit photo Conférence : Armelle Solelhac – SWiTCH (réalisé avec un BlackBerry, désolée pour la piètre qualité !)

Comment les entreprises peuvent préserver l’environnement tout en restant profitables ?

Armelle Solelhac et Yvon Chouinard

Tous les ans à peu près à la même époque, nous avons la chance de faire une rencontre peu ordinaire. L’année dernière, c’était Philippe Bloch. Cette année ce n’est pas un mais 3 « alter-entrepreneurs » avec lesquels nous avons pu échanger au cours d’une table ronde animée par les étudiants de l’Ecole Supérieur de Commerce de Grenoble. Pour ceux qui n’ont pas pu y assister, voici la retranscription des notes que nous avons pu prendre.

Bonne lecture !

Conférence Grenoble Ecole de Management – Institut Sport et Management

Mercredi 04 Novembre 2009

 Table ronde : « Regards croisés d’alter-entrepreneurs »

Invités :

–          Yvon Chouinard, Alpiniste, Fondateur et PDG de Patagonia
–          François Lemarchand, Fondateur de Pier Import, Fondateur et PDG de Nature & Découverte
–          Paul Petzl, PDG de Petzl

Animateurs : Jean-Philippe, Coline et Jordan, étudiants à GEM

Question : Quelles ont été vos motivations pour devenir chef d’entreprise ?

Yvon Chouinard (Y.C) : Dans les années 1960, je n’avais aucun respect pour les businessmen. Je voulais juste faire du surf et de l’escalade à Yosemite (CA). J’avais des idées pour améliorer mon matériel d’escalade. J’ai commencé à fabriquer mes propres pitons en incorporant des améliorations techniques. Ca a plu à mes amis et peu à peu je me suis mis à vendre des pitons devant le coffre de ma voiture. Tout ce que je voulais c’était d’avoir assez d’argent pour payer mes factures, partir voyager, grimper et surfer le plus possible. Je n’avais aucun désir de créer une entreprise. Pour moi, ce n’est pas une fin en soi. C’est juste arrivé comme ça !

François Lemarchand (F.L) : Dans les années 1970, tout était abondant, tout était possible ! La grande aventure à l’époque c’était de découvrir le monde. J’ai donc créée Pier Import. Je partais avec ma femme à la recherche de produits issus de l’artisanat local. Cette entreprise a eu du succès, parce qu’elle racontait une histoire aux gens, une histoire différente des autres entreprises d’ameublement de l’époque. Actuellement, cette entreprise est pratiquement morte, à cause de la globalisation et parce que son introduction en Bourse a changé les objectifs des dirigeants. Au départ, on voulait apporter quelque chose de différent aux clients. Les dirigeants actuels de Pier Import veulent juste faire des profits. Après avoir vendu l’entreprise dans les années 1990, j’ai créé Nature & Découverte qui correspondait aux valeurs de l’époque.

Paul Petzl (P.P) : Mon père était artisan et avait une passion pour la spéléologie. Il était un peu bricoleur et, comme Yvon Chouinard, il voulait améliorer son matériel de spéléo. Pour nous, la perfection est la seule valeur qui nous permette de signer nos produits avec notre nom. Finalement, Petzl a démarré comme Patagonia !

Question : Yvon Chouinard, pourriez-vous nous parler de votre M.B.A. (« Management By Absence ») ?

Y.C : Comme je l’ai dit, tout ce que je voulais, c’était de faire du surf quand il y avait de la houle, du ski quand il y avait de la poudreuse et de l’escalade quand il faisait beau. Mais ce n’est pas si simple que ça, car il n’y a pas d’horaire pour les vagues ou la poudreuse ! Je voulais donc pouvoir travailler avec mes amis et avec des horaires suffisamment flexibles pour aller surfer. Je voulais aussi que mon travail soit un terrain de jeu et vice-versa. Je voulais pouvoir partir 6 mois de l’année pour grimper, pêcher et surfer sans que l’entreprise soit en péril. Les clés pour que cela fonctionne c’est :

–        d’embaucher des gens indépendants, autonomes, avec le sens de l’initiative et suffisamment motivés, c’est-à-dire véritablement engagés dans le projet d’entreprise. S’il y a le feu dans l’entreprise, ça ne sert à rien de m’appeler ! Je ne suis pas pompier. Par contre il faut des gens capables d’avoir assez d’esprit d’initiative pour appeler les secours. Pour moi, le résultat est plus important que le temps passé à travailler. S’il faut dix ou seulement une seule heure à un salarié pour obtenir le résultat escompté, ce n’est pas mon problème ! Ce qui compte, c’est le résultat. Pour cela, il faut des salariés qui adhèrent pleinement aux valeurs de l’entreprise.

–        Ne pas avoir de bureau fixe, ni de tâche fixe. Il faut que tout le monde soit capable de faire le travail de son voisin. Comme ça, si son collègue est absent, parce qu’il est malade ou… parce qu’il fait du surf, l’entreprise continue de fonctionner !

F.L : Tout le monde s’en fout de maximiser les profits des actionnaires ! Il faut donner du sens à ce qu’on fait et à son travail. Par exemple, une fondation d’entreprise, ce n’est pas une simple œuvre caritative, c’est un bien commun à tous les salariés. Mais attention, il ne faut pas se leurrer, on ne peut pas être altruiste quand il n’y a rien à bouffer !

P.P. : La croissance et l’argent ne sont pas le but. Quand on crée une entreprise, on ne fait pas des bénéfices tout de suite, il faut du temps. La croissance peut être déstabilisante pour l’entrepreneur et les salariés, mais aussi pour les clients. Le chef d’entreprise doit donc réguler cette croissance. Le but, c’est de créer, d’inventer des choses et du lien. Il faut être passionné par le produit et par le client. Il faut avoir le plaisir d’étonner chaque fois un peu plus le client.

 

Question : Parlez-nous de l’engagement de vos entreprises dans l’environnement ?

Y.C : Avant, Patagonia reversait 10% de son bénéfice avant imposition. Depuis la création de l’association 1% Pour La Planète, nous reversons 1 % de nos ventes (NDLR : donc 1% du chiffre d’affaire) à des organisations non gouvernementales qui travaillent à la préservation de l’environnement. Ce n’est pas de la charité, c’est le coût du business !

F.L : Nous avons écrit une charte d’entreprise qui expose nos valeurs et nos actions et nous nous les réalisons ! Nous collectons aussi des fonds auprès de nos clients, en plus des 10 % de nos profits que nous reversons à notre fondation d’entreprise.

P.P. : Il faut ouvrir l’entreprise sur autre chose que le commerce. Les engagements sont une des responsabilités des entreprises. Il faut rendre à la nature et à tous ceux qui nous font vivre tous les jours un peu plus que ce nous leur prenons ! Il y a 4 ans, nous avons créé la Fondation Petzl. Depuis, nous avons réalisé 45 projets, comme la réfection d’un refuge en montagne qui datait de 1910 et qui tombait en ruine.

 

Question : Comment communiquez-vous autour de ces engagements ?

F.L : Nos clients sont issus de la société post-consommation. Ils ne croient pas en la publicité, mais adhèrent aux valeurs des entreprises. Donc, on ne communique pas spécifiquement sur nos engagements. On fait du « buzz », on diffuse doucement. Comme c’était écrit sur la devanture de la pâtisserie de mon enfance : « Bien faire et laisser dire ».

Y.C : Je veux sauver la planète. Mais au lieu de ne me concentrer sur l’idée, je me concentre sur le processus. C’est pourquoi je donne aux ONG.

P.P. : En tant qu’entrepreneur, j’ai la responsabilité de donner à mes salariés et à la nature, dont je puise l’énergie.

F.L. : Nous avons une vie schizophrénique, car nous sommes à la fois patrons et écolos. Quand je rencontre des amis patrons, ils me disent : « à vous les écolos… ». Et quand je vois mes amis écolos, ils me lancent : « mais vous les patrons… ». Etre dans cette opposition n’avance à rien. Dans un futur très proche, le discours des clients aux entreprises sera très clair : « si tu n’es pas vert, je te boycotte et je boycotte tes produits ». Il n’y a donc pas le choix, il faut s’y coller !

 

Question : Comment en période de crise économique et de délocalisation des productions, peut-on concilier l’engagement social et environnemental d’une entreprise et la profitabilité nécessaire à sa survie ?

Y.C : Dans l’histoire de Patagonia, à chaque crise économique, nous avons fait des profits records. Pourquoi ? Parce que les gens ont cessé d’acheter de la mode et des produits accessoires. Ils se sont mis à acheter des produits de bonne qualité, donc durables, et multi-usages. Par exemple, au lieu d’acheter une combinaison de ski qu’ils ne mettent que 15 jours par an et qui encombre leurs placards les 11 autres mois de l’année, ils se sont mis à acheter une veste pour faire du ski, pour faire du vélo et pour aller en ville aussi. Je ne veux pas des clients qui achètent pour acheter, mais des clients qui ont besoin des produits Patagonia. Pour moi, le véritable pouvoir n’est pas entre les mains des politiques ou des financiers, mais entre les mains des citoyens et des designers.

P.P. : La délocalisation, on va y revenir !

F.L. : Nous ne sommes pas la génération X, mais la génération schizophrène, car nous sommes plein de contradictions. On veut tout en même temps : des produits locaux et pas chers. Or, ce n’est pas possible. Les valeurs communes de la société et les comportements individuels doivent changer !

 

Question : Comment, à l’échelle des entreprises, peut-on gérer les relations avec les gouvernements et les politiques pour les impliquer davantage sur les questions environnementales ?

Y.C : Les politiques doivent être plus effrayés par les entreprises et les citoyens que par la nature. Laissez-moi vous raconter une petite histoire pour illustrer tout ça. Vous êtes dans les Pyrénées, il fait beau temps et un guide vous emmène faire une belle course, mais avec quelques passages escarpés. Si le guide est patient et compréhensif, vous passez, mais vous continuez à avoir peur de la nature. Par contre, si vous êtes à Zermatt en train de faire l’ascension du Matterhorn avec des pierres qui vous tombent sur la tête, une grosse tempête qui s’abat sur vous et que le guide vous tire violemment pour vous faire avancer plus vite, à force, vous finissez par avancer, parce que vous avez plus peur du guide que des dangers de la nature. Avec les politiques, c’est pareil. Il faut leur faire peur pour qu’ils avancent !

F.L. : Oui, les politiques répondent à la demande des citoyens.

 

Question : Comment se traduit la RSE dans vos entreprises ?

F.L. : On est très concret ! On attribue des « budgets CO2 » à chacun de nos départements. Il faut rendre les gens malins et débrouillards, car tous les ans leur « budget CO2 » diminue par rapport à l’année précédente.

P.P. : On a embaucher un Responsable du Développement Durable, qui a du pouvoir et des moyens pour piloter de nombreux projets de développement durable dans l’entreprise. Par ailleurs, nous avons repensé nos locaux. Par exemple, les salles équipées d’ordinateurs ont été équipées de récupérateurs de chaleur pour chauffer le restes des bureaux de l’entreprise.


Question : Parlez-nous de la transmission de vos entreprises ?

Y.C : Je reçois des propositions de rachat de mon entreprise toutes les semaines. Ca ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est la transmission des valeurs. Je dis souvent « n’achetez pas ce produit, à moins que vous en ayez vraiment besoin ! » […]* J’incite les gens à appliquer la « méthode des 5 questions », initiée par Toyota, pour régler un problème. Il est nécessaire de se concentrer sur les causes du problème et non les symptômes. Pour cela il est essentiel de se poser les bonnes questions en amont.

* Un morceau des explications d’Yvon Chouinard m’a échappé… Désolée ! Si l’un des participants à la conférence a l’occasion de lire ses lignes et a pu noter ce qui a été dit, merci de bien vouloir me le faire parvenir.

P.P. : Ce qui est fondamental, c’est que quand on conçoit les choses, on les conçoit pour qu’elles durent.

F.L. : Oui, pour ne pas faire les choses idiotement et si on veut avoir de bons produits, il faut se poser des questions en amont.

P.P. : Cette notion de transmission des valeurs dans les entreprises est très importante. Il faut développer une culture d’entreprise, un véritable ADN.


Conclusions par Elysabeth Laville, PDG de Utopie (agence spécialisée en stratégies de développement durable), Prix de la femme de l’année 2008, HEC 1988.

–          Ce n’est pas en étant obsédé par le profit qu’on en génère durablement.
–          Il faut savoir trouver un équilibre entre le travail, la passion, l’amitié et la famille.
–          Ce n’est pas en encadrant les gens qu’on les libère et qu’on les pousse à développer leur esprit d’initiative et leur capacité à être autonomes.
–          Une entreprise qui grandit trop vite, c’est dangereux. Il n’y a pas de start-up (au sens « jeune pousse ») dans la nature qui vivent longtemps.
–          Les fondations d’entreprise ne suffisent pas, il faut aussi des actions au quotidien dans les entreprises. Il ne s’agit pas de se dédouaner avec une simple fondation.
–          Les entreprises doivent être des laboratoires d’innovations pertinentes.
–          « On a les clients qu’on mérite ». Que faites-vous pour avoir les clients que vous voulez ?
–          « On a une montagne à gravir et nous n’avons fait que les premiers pas ».
–          Est-ce que le développement durable rapporte ? Il n’y a pas d’outils de mesure scientifique et, de toute façon, en la matière il ne faut pas nécessairement réfléchir en termes de profits financiers ! « Il n’y a pas de profits à faire sur une planète morte » (David Brower).

60 secondes pour conclure

Yvon Chouinard :
–          A l’époque, le sexe était sans danger et l’escalade était une activité périlleuse.
–          Les gouvernements n’ont pas de pouvoir, mais nous – les citoyens – avons le pouvoir !
–          La génération X est perdue, mais la génération Y représente l’espoir.
–          Nous n’avons pas toutes les réponses, mais nous posons – au moins – les questions.

François Lemarchand :
–          On se demande souvent « pourquoi ? », mais peut-être faudrait-il aussi se demander « pourquoi pas ? ».

François Leccia (Directeur du Institut Sport & Management) :
–          La satisfaction des clients est fondamentale, car sans eux les entreprises ne sont rien.
–          Sans la jeunesse, demain ne se fera pas.

Sources :
Notes prises et retranscrites par Armelle Solelhac
Photo : Michaël Rouhaud (
Le Yéti)