Envie d’en savoir plus sur les entreprises qui font bouger le monde de la glisse et du tourisme ? Dans le cadre des SWiTCH Initiatives, nous mettons en lumière des gens passionnés, qui créent des produits ou des services directement inspirés de leurs pratiques sportives. Aujourd’hui nous rencontrons Pilou Sassi, co-fondateur de White Cristal.
SWiTCH : Bonjour Pilou Sassi, peux-tu nous présenter ton parcours et ton entreprise ?
Pilou Sassi : Bonjour, j’ai 29 ans et je suis originaire d’Annecy. J’ai étudié à l’IUT Technologique d’Annecy jusqu’en 2000. C’est à la même époque que j’ai rencontré mon associé, Matthieu (33 ans), à Avoriaz. Il était alors étudiant à l’École Polytechnique de Graphisme de Lausanne. Il est plus artiste que moi qui suis plus attiré par les aspects marketing et techniques du produit. Nous sommes complémentaires, c’est une des raisons du bon fonctionnement de notre boîte. Nous avons créé White Cristal en Janvier 2008 sous un statut de SARL.
SWiTCH : Raconte-nous l’histoire de White Crystal ?
P.S : Tout a commencé par un voyage pendant l’hiver 2005-2006. Nous avons parcouru 64000 kilomètres en moins d’un an, du Canada à l’Argentine. Dans un backpacker à San Martin de Los Andes, nous avons rencontré un gars qui nous a présenté deux frères avec qui nous nous sommes tout de suite liés d’amitié. Leur père, qui possède une usine de fabrication de meuble en bois, nous a laissé faire nos premiers prototypes de skis.
Après un an et demi de réflexion, on s’est décidé à lancer White Cristal. Au départ l’idée était de faire nos propres skis de freeride et de freestyle, pas nécessairement de créer une marque avec une gamme complète. Finalement, nous avons décidé d’en faire une mais sans mettre beaucoup d’argent. Nous ne voulions pas non plus nous endetter car on souhaitait limiter les risques.
Nous avons été capables de créer des pièces uniques, c’est ce qui nous différenciait de nos concurrents. D’autres entrepreneurs avaient déjà eu l’idée (KaOrigin et Uniq), mais les deux sociétés ont coulé notamment parce qu’elles n’avaient pas une bonne communication et que les prix étaient trop élevés. Cela dit, au début, nous n’avons pas fait d’étude de marché. Ce qui signifie que nous n’avions pas de cible précise, pas de politique de prix, pas de positionnement sur le marché. En réalité, nous n’avons pas recherché la rentabilité à tous prix. Au début, on a tout fait au « feeling » !
Notre chiffre d’affaire s’élevait à 100K€ la 1ère année, nous l’avons ensuite doublé chaque année. Nous produisons toujours nos skis en Argentine, c’est certes moins rentable que de les produire en Asie, mais nous préférons la qualité à la quantité.
SWiTCH : Quelles sont les valeurs fondamentales et les facteurs concurrentiels de White Cristal ?
P.S : L’écoute, l’accessibilité et la proximité avec les clients. Cela nous permet « d’être vrai » et d’admettre plus facilement nos points faibles (ex : des semelles sèches qui demandent plus de fart).
Cette attitude nous donne aussi plus de crédibilité auprès de la clientèle. Parfois, certains clients deviennent de bonnes connaissances et nous allons skier avec eux. En fin de saison nous reprenons contact avec nos clients pour avoir des retours sur les produits achetés. On gère tout nous même : de la création au SAV, en passant par la vente, le secrétariat, les commandes de matières premières, la communication, etc… Nous produisons en moyenne 400 paires de skis par an, donc nous connaissons nos produits au millimètre près. Ils sont vérifiés point par point. On est aussi très flexible sur nos horaires. Nous livrons quasiment les clients en mains propres: nous aimons voir leurs regards quand ils découvrent leurs skis !
SWiTCH : Le fait d’avoir créé ton entreprise pendant la crise économique a-t-il était un problème ?
P.S : Non, non pas du tout. On l’aurait créé de toute façon !
SWiTCH : Quelle est ta plus grande satisfaction en tant que Chef d’entreprise ?
P.S : Ma plus grande satisfaction a été de voir les premiers skis sortir et de savoir que c’était quelque chose que j’avais créé de A à Z. J’en retire beaucoup de fierté.
SWiTCH : Quel est ton conseil pour les rookies qui voudraient se lancer dans la création d’entreprise ?
P.S : Comme je l’ai dit, nous n’avions pas fait d’étude de marché au début. On est allé trop vite dans la démarche. Donc ma recommandation serait la suivante : prenez votre temps ! Allez-y doucement mais surement !
SWiTCH : Comment vois-tu White Cristal dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
P.S : Nous espérons diffuser nos produits dans 20 pays différents dans les 5 prochaines années. Nous souhaitons nous développer au Canada, aux U.S, etc… afin d’avoir une bonne couverture géographique.
SWiTCH : Quels sont les moyens de communication que vous utilisez pour faire connaître la marque et les produits ?
P.S : Nous utilisons principalement les réseaux sociaux comme Facebook car nous ne faisons ni commercial ni marketing ! Le bouche à oreille et notre proximité avec les clients font le reste !
SWiTCH : Quelle est la question qu’on ne t’a pas posé et que tu aurais aimé qu’on te pose ?
P.S : Ce n’était qu’un délire au départ nous n’étions pas issus de ce milieu, nous ne savions pas fabriquer un ski, nous avons tout fait à la « roots ». Nous n’avons pas créé notre entreprise dans l’arrogance mais plutôt pour nous faire plaisir. Nous avons beaucoup de projets secondaires dans plusieurs domaines (street wear, optique…) mais nous avons aussi beaucoup de frein pour ces projets (prix, concurrence accrue et pratiquement aucune distribution en France). Notre dernier projet est de proposer aux entreprises des skis professionnels : « Skis Entreprises ».
SWiTCH : Merci Pilou et bonne continuation à White Cristal !