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[Booklub] « Dans les forêts de Sibérie » par Sylvain Tesson

Pour le Booklub de février, on vous propose le résumé d’un livre qu’on a beaucoup aimé – et qui a reçu le Prix Médicis Essai 2011 : Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson (Ed. Galimard). Durant 6 mois, l’écrivain globetrotteur a rédigé un journal d’ermitage qu’il nous fait partager dans un récit captivant.

Tout commence par un haut le cœur dans un rayon de supermarché, où l’on se demande à quoi peuvent bien servir quinze sortes de ketchup différentes. Ou peut être est-ce au moment où l’on se rend compte que ce que l’on aime le plus dans la vie ne représente qu’une poignée d’heure de notre existence, une fuite en avant, une course poursuite contre le temps. « Une fois ankylosé dans la graisse du conformisme et enkysté dans le saindoux du confort, on est mûr pour l’appel de la forêt ».

Du courage, il en faut pour ne pas renoncer au moment crucial, lorsqu’on est sur le point de saisir ce que l’on désire au plus profond de soi. M’éloigner de la société, faire un pas de côté, m’a permis de relativiser l’importance que j’accordais à certains aspects de ma vie. En ville chaque action est faite au détriment d’une autre, ici chacune est un accomplissement, une expérience en elle même. Le temps se calme, on se sent alors libre car nos journées le sont. Le bonheur, chimère inatteignable des pays développés devient alors accessible comme par enchantement. Pour le saisir, il suffit d’en prendre un instantané, accepter de ne pas se préoccuper de l’avenir. A bien y regarder, peut de choses sont nécessaires au bonheur : « du soleil, un belvédère, et dans les jambe le souvenir lactique de l’effort ».

L’ermitage s’accompagne d’un retour à de vraies valeurs. Savoir apprécier le bruit d’un bouchon de vodka qui saute près d’un poêle, procure plus de jouissance qu’un séjour palatial au bord du grand canal vénitien. Ici, plus besoin de l’efflorescence permanente d’imprévisibles nouveautés, le temps devient le grand ordonnateur de chaque émerveillement, selon un rythme immuable. Nous cessons alors de vouloir avoir une emprise sur le monde et le laissons dicter notre existence.

Si l’atteinte de la paix interne est le but ultime de la vie dans bois, elle doit aussi marquer le terminus du voyage et le retour parmi les hommes. Une vie telle que celle que j’ai menée durant ces 6 mois n’apporte rien à la communauté des hommes. Ce pas de côté, que j’invite chacun à faire, n’a finalement pour but que de nous ramener dans le droit chemin, car la vie doit être une oscillation entre ermitage et civilisation. Ce qui donne un sens à notre existence est la fidélité à un certain instant et notre effort pour éterniser celui-ci.

Quelques petites phrases qui nous ont plu :

« Rien ne vaut la solitude. Pour être parfaitement heureux, il me manque quelqu’un à qui l’expliquer »

« Habiter joyeusement des clairières sauvages vaut mieux que de dépérir en ville »

« Quand Youra s’en va, je suis saoul comme un chauffeur de tramway moldave »

« Se réjouir de la tombée de la nuit qui va cacher le bois de ma gueule »

« Nommer les bêtes et les plantes d’après les guides naturalistes, c’est comme reconnaître les stars dans la rue grâce aux journaux people. Au lieu de Oh mais c’est Madonna, on s’exclame, Ciel une grue cendrée ! »

La contemplation, c’est le mot que les gens malins donnent à la paresse pour la justifier aux yeux des gens sourcilleux qui veillent à ce que chacun trouve sa place dans la société active ».

[Invitation] Université de la Terre 2011 : « Bâtir une nouvelle société »

Créée à l’initiative de François Lemarchand, Président de la Fondation Nature & Découvertes, l’Université de la Terre a été inaugurée en novembre 2005 à l’Unesco. Trois éditions s’y sont d’ores et déjà déroulées et ont réuni plus de 15 000 personnes autour des 50 personnalités qui ont participé à ces rencontres.

L’Université de la Terre est un carrefour de réflexion et de débats, qui propose deux journées de découverte et d’échange ouverte à tous, sur les grands thèmes de société et d’environnement. Rendez-vous de la connaissance, elle invite des dirigeants d’entreprise, des scientifiques, des économistes, des politiques, des hommes de religion, des sociologues, tous conscients des défis majeurs qui menacent notre planète, à témoigner et à partager leur expertise, leur vision du monde d’aujourd’hui et de demain. C’est un forum d’échanges entre les experts conviés et le public qui participe aux discussions. Ensemble, ils cherchent à réconcilier leurs intérêts respectifs au profit du bien-être des hommes et du respect des équilibres écologiques.

La prochaine édition de l’Université de la Terre se tiendra les 2 et 3 avril 2011 à l’Unesco, à Paris, sur le thème « Bâtir une nouvelle société ».  L’entrée est gratuite, mais nécessite une inscription préalable ici. Dépêchez-vous, il ne reste plus beaucoup de places libres. Parmi les personnalités présentes, vous pourrez rencontrer Jacques Attali, Lionel Bony, André Comte-Sponville, Emmanuel Faber, Susan George, JR, Etienne Klein, Nathalie Kosciusko-Morizet, Tristan Lecomte, Sylvain Tesson, Joël de Rosnay, François-Henri Pinault, etc.

Pour notre part, nous serons présents le samedi après-midi et le dimanche jusqu’à 16h30. Nous espérons pouvoir vous y rencontrer !